Introduction
Le CNARED-GIRITEKA a suivi avec beaucoup d’attention et d’intérêt la session du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui s’est tenue ce 26 juillet 2017, à New York et qui s’est penchée, une fois de plus, sur la grave crise que connaît le Burundi, il y a de cela plus de deux ans.
Au cours de cette session, M. Kafando, Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Burundi, a eu l’occasion de s’exprimer sur la situation qui prévaut au Burundi et présenter les voies de sortie de crise.
Le CNARED-GIRITEKA voudrait donc porter à l’opinion nationale et internationale son appréciation de cette importante rencontre.
1. Dans son rapport présenté au Conseil, l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies a indiqué clairement que la voie la plus appropriée pour une sortie de crise réussie est que le pouvoir de Bujumbura accepte le dialogue inclusif obligatoire et sans pré-condition avec l’opposition tant de l’exil que celle de l’intérieur. Pour nous, ce message réaffirme, non seulement que c’est le régime de Nkurunziza qui constitue un blocage au dialogue inclusif, seule solution au sauvetage du peuple burundais, mais aussi, c’est un désaveu implicite de la mascarade du soi-disant dialogue interne qui n’apporte aucune solution.
2. Le Président Kafando a martelé, à juste titre, que l’Accord d’Arusha doit rester la pierre angulaire et la norme de référence pour la sauvegarde de la paix, de la stabilité et de la réconciliation au Burundi. Ici aussi, l’Envoyé Spécial lance un message, on ne peut plus clair, à M. NKurunziza d’arrêter sa marche forcée d’amender la Constitution pour enterrer l’Accord d’Arusha, en cassant le verrou de la limitation des mandats et mettre fin aux équilibres de partage du pouvoir politique entre les composantes ethniques du Burundi.
3. M.Kafando en a également appelé à la Communauté de l’Afrique de l’Est, à l’Union Africaine à faire preuve de plus de solidarité, avec l’appui de la communauté internationale pour imposer des mesures d’apaisement au Burundi. En clair, l’Envoyé Spécial les invite à assumer leurs responsabilités en prenant les mesures qui s’imposent pour faire cesser les graves violations massives et répétitives des droits de l’homme dont se rend quotidiennement coupable le régime de M. Nkurunziza. Cet état de fait a été reconnu par le Conseil de Sécurité lui-même.
4. Au niveau des échanges sur la situation qui prévaut au Burundi et sur les mesures à prendre pour infléchir le pouvoir de Bujumbura, nous déplorons que des divergences subsistent au sein des membres du Conseil qui les empêchent de prendre des mesures urgentes pour secourir le peuple burundais en danger.
5. Le Conseil a privilégié la voie diplomatique mettant en avant la carotte avant le bâton en se basant, semble-t-il, sur le climat qui s’apaiserait entre les Nations Unies et le régime du Bujumbura. Il a même parlé d’une dynamique positive et d’une réouverture éventuelle du Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies au Burundi.
6. Le CNARED est en droit de douter de la volonté de mettre en exécution cette promesse. Pour éprouver sa bonne foi, nous demandons au Conseil de Sécurité de donner un échéancier de la mise en exécution de cette mesure et d’exiger de Bujumbura l’acceptation sans condition du déploiement rapide des observateurs des droits de l’homme désignés par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies.
7. Le Conseil parle d’une situation de paix et de sécurité retrouvées au Burundi. Ici, le CNARED voudrait attirer l’attention sur le fait que la violence qui sévit au Burundi est essentiellement étatique, car commise par les agents de l’ordre, appuyés par la milice Imbonerakure. Il est donc aisé de cacher ces forfaits. Mais la réalité est tout autre, les violations se poursuivent chaque jour, mais de manière plus sournoise.
8. Enfin comme l’a demandé l’Envoyé Spécial, le CNARED-GIRITEKA demande à la Communauté de l’Afrique de l’Est, tout particulièrement au Président MUSEVENI, Médiateur dans le conflit burundais et Président en exercice de cette Communauté, de prendre le taureau par les cornes et d’user de toute son autorité pour contraindre M. Nkurunziza à s’asseoir à la table des négociations inclusives et ce sans condition.
9. Si tel n’était pas le cas, que des sanctions coercitives soient rapidement prises, dont un embargo économique et sur les armes ainsi que d’autres sanctions ciblées visant les auteurs de ces crimes, dont certains relèvent du droit international.
10. Le CNARED-GIRITEKA demande à la Sous- région, à l’Union Africaine et à la Communauté Internationale de rester en alerte permanente pour suivre de près l’évolution de la situation politico-sécuritaire qui peut rapidement dégénérer dans des violences de masses, si pas dans un génocide. Il y va de leur devoir et responsabilité de protéger.
Fait à Bruxelles, le 27 juillet 2017
Pour le CNARED-GIRITEKA
Le président
Hon. Pr. Charles NDITIJE