Déclaration du CNARED contre le soi-disant référendum organisé par Pierre Nkurunziza

Du 21 au 22 avril 2018, le Directoire du CNARED-GIRITEKA s’est réuni en session extraordinaire pour faire le point sur la situation politique préoccupante du Burundi, à la veille du référendum de tous les dangers imposé illégalement par le pouvoir dictatorial de Pierre Nkurunziza et envisagé pour le 17 mai prochain. Au terme de cette session, le CNARED-GIRITEKA rend publique la déclaration suivante:

  1. Le CNARED-GIRITEKA voudrait encore une fois s’inscrire solennellement en faux contre le référendum constitutionnel projeté par Pierre Nkurunziza en date du 17 mai 2018, un référendum qui, faut-il le souligner, n’a aucune base constitutionnelle.
  1. Le CNARED-GIRITEKA condamne les exactions sans nom orchestrées par le pouvoir de Bujumbura contre les citoyens burundais pour les obliger à adhérer à son projet macabre d’annihiler l’Accord d’Arusha en abrogeant la Constitution de 2005 qui en était une émanation et qui avait, depuis 2005, aidé considérablement le peuple burundais à se réconcilier après des décennies de tragédies fratricides.    
  1. A 25 jours de la date fatidique de ce référendum portant abrogation de la Constitution de 2005 et l’enterrement définitif de l’esprit et de la lettre de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, Monsieur Pierre Nkurunziza s’est caché, comme à son habitude depuis l’usurpation de son actuel troisième mandat inconstitutionnel, et s’est entêté, au grand dam de ses concitoyens, de l’Afrique et du monde entier, pour poursuivre son projet, macabre et décrié par tous, en vue de l’instauration définitive d’une monarchie républicaine à son profit exclusif (ce n’était pas seulement le troisième mandat qu’il voulait usurper), en sapant hélas dangereusement les bases de la paix et de la réconciliation nationale entre filles et fils du Burundi.
  1. Force est de remarquer que Monsieur Pierre Nkurunziza, qui a toujours ignoré systématiquement le dialogue inclusif inter-burundais, pourtant prôné par l’ONU et l’UA dans la résolution de la crise burundaise, et qui a saboté les pourparlers inter-burundais initiés à cette fin par la Communauté Est-africaine, vient, fidèle à sa ligne de conduite, d’obliger la Facilitation de Son Excellence Benjamin William Mkapa d’annuler la 5è session du dialogue inter-burundais initialement prévue le 25 avril 2018. Ainsi, le référendum du 17 mai 2018 viendra donc fermer définitivement la porte de ces pourparlers.
  1. Le CNARED-GIRITEKA constate avec regret que la Communauté Est-Africaine a jusqu’à présent été incapable d’être unanimement ferme et de faire face à l’entêtement de Pierre Nkurunziza pour aider le Burundi à sortir pacifiquement de l’impasse actuelle au travers d’une solution négociée. Ainsi, les pourparlers initiés par cette Communauté se termineront bientôt en queue de poisson le 17 mai 2018, le pouvoir actuel de Bujumbura consacrant, hélas, un échec cuisant de la médiation de la Communauté de l’Afrique de l’Est dans la crise burundaise.
  1. Le CNARED-GIRITEKA rappelle, tout le monde le sait, qu’après le référendum du 17 mai 2018, il n’y aura plus matière à négocier.
  1. Le CNARED-GIRITEKA demande à la Communauté Internationale, spécialement aux garants de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, de prendre la véritable mesure des dangers qui menacent le Burundi et sa région, et sur base de ce dramatique constat, de prendre toutes les sanctions qui s’imposent contre la dictature de Bujumbura, y compris un embargo économique pareil à celui de 1996, pour restaurer l’esprit et la lettre de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi.
  1. La Communauté internationale doit agir rapidement. Le Burundi est un pays menacé d’implosion. Ne pas agir efficacement pendant que cela peut encore être fait serait une non-assistance à un peuple en danger.

 Fait à Bruxelles, le 22 avril 2018

Pour le CNARED-GIRITEKA,
Dr. Jean Minani,
Président.