Bruxelles, le 18 septembre 2017
A Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies
A
NEW YORK
Transmis copie pour information à :
– S.E. Yoweri Kaguta Museveni, Président de la République de l’Ouganda ;
– S.E. John Magufuli, Président de la République Unie de Tanzanie
– S.E. Paul Kagame, Président de la République du Rwanda ;
– S.E. Uhuru Kenyatta, Président de République du Kenya ;
– S.E. Robert Mugabe, Président de la République du Zimbabwe ;
– S.E. Jacob Zuma, Président de la République de l’Afrique du Sud ;
– S.E. Joseph Kabila, Président de la République Démocratique du Congo ;
– S.E. Edgar Lungu, Président de la République de la Zambie ;
– S.E. Filipe Nyusi, Président de la République du Mozambique.
Avec les assurances notre plus haute considération.
Objet : Protection des réfugiés burundais
Monsieur le Secrétaire Général,
Nous avons l’honneur de nous adresser à votre haute autorité pour vous demander de vous impliquer davantage dans la protection des réfugiés burundais, plus spécifiquement ceux qui sont en exil dans les pays limitrophes du Burundi.
Monsieur le Secrétaire Général, depuis le forcing de Monsieur Pierre Nkurunziza à se maintenir au pouvoir, en briguant un 3ème mandat de trop, en violation de l’Accord d’Arusha pour la Paix et de Réconciliation et de la Constitution, les manifestations pacifiques de la population burundaise qui ont suivi ont été violemment réprimées.
Ces violences perpétrées par le pouvoir de Bujumbura ont généré de nombreux et graves crimes, dont des crimes contre l’humanité et ont poussé près de 500.000 personnes, (soit près de 5 % de la population burundaise) à prendre le chemin de l’exil.
La majorité de ces réfugiés burundais se trouvent dans des camps dans les pays limitrophes du Burundi, essentiellement en Tanzanie, au Rwanda et en République Démocratique du Congo mais aussi en Ouganda, au Kenya, en Zambie, au Mozambique, au Zimbabwe, au Malawi, en Afrique du Sud et ailleurs.
Dans certains camps, il a été signalé la présence des agents de renseignement du pouvoir de M. Nkurunziza et de sa milice « Imbonerakure » qui infiltrent les camps, intimidant les réfugiés, incendiant des maisons pour les obliger à rentrer de force.
Monsieur le Secrétaire Général,
L’irréparable vient de se commettre dans un camp de transit de Kamanyola, dûment enregistré par le HCR, en République démocratique du Congo où 34 réfugiés ont été massacrés sauvagement ,dont 8 femmes et 5 enfants et 181 autres blessés par des hommes en uniformes de l’armée congolaise et parlant le kirundi. Certains témoignages recueillis sur place indiquent la présence des miliciens IMBONERAKURE parmi eux. Comment une simple manifestation contre le rapatriement forcé de 4 réfugiés vers le Burundi peut-elle tourner au drame et faire un tel carnage ? Cela est inacceptable et intolérable, Monsieur le Secrétaire Général.
A côté de cette tragédie, il est important de signaler que des centaines de réfugiés burundais croupissent injustement dans les prisons congolaises. Ceux qui sont rapatriés de force à Bujumbura, souvent clandestinement, sont directement acheminés dans les prisons, soumis à la torture et sont portés disparus par après.
Monsieur le Secrétaire Général,
Des signes avant-coureurs de ce crime crapuleux étaient déjà perceptibles. En effet, des escadrons de la mort envoyés par le pouvoir de Bujumbura font des navettes entre les camps et le Burundi en possession d’armes à feu et ont déjà occasionné des morts, des disparus au camp de Nduta en Tanzanie et des blessés en Ouganda. La question que nous nous posons est celle de savoir comment des personnes armées peuvent pénétrer dans des camps gardés par des agents de l’ordre, sans être aucunement inquiétées ? N’y a-t-il pas lieu de soupçonner une complicité ou une négligence coupable ?
La Zambie et le Mozambique ont déjà arrêté des espions du pouvoir de Bujumbura et nous les félicitons pour leur vigilance et demandons aux autres pays de suivre ce bel exemple.
Monsieur le Secrétaire Général,
L’insécurité alimentaire qui prévaut dans beaucoup de camps aggrave la situation d’insécurité physique des réfugiés burundais. Depuis le mois de mai 2017, les vivres qui étaient déjà en quantité insuffisante ont été divisés par 3 pour chaque individu. Affamés, les réfugiés sont obligés de pratiquer la cueillette dans les forêts autour des camps et sont souvent agressés et des fois tués. D’autres sont accusés de vol et sont dilapidés, tandis que des cas de viol de filles et femmes à la recherche du bois de chauffage ont été signalés aussi dans les alentours des camps de Tanzanie.
Monsieur le Secrétaire Général,
Il est inconcevable et inacceptable que des réfugiés qui ont fui la tyrannie du régime criminel du Burundi se retrouvent exposés aux mêmes exactions dans les pays d’asile, comme indiqué plus haut. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, la plate forme de l’opposition politique burundaise, le CNARED-GIRITEKA vous demande ce qui suit :
1. Qu’une enquête neutre et indépendante soit rapidement diligentée pour faire toute la lumière sur le massacre des réfugiés de Kamanyola en RDC, afin d’identifier les commanditaires, les exécutants et les traduire devant les juridictions compétentes.
2. Que les Nations Unies incitent le HCR à assurer la protection et la sécurité des réfugiés, conformément à la Convention de Genève et à améliorer les conditions de vie des réfugiés burundais en matière d’alimentation, avec l’appui du PAM.
3. Que les Nations Unies demandent aux pays d’accueil, principalement la Tanzanie et la RDC de déplacer les réfugiés, loin des frontières avec le Burundi.
4. Que les Nations Unies exigent que les pays d’accueil des réfugiés le fassent dans le strict respect des conventions internationales. Ce n’est pas à eux d’apprécier la sécurité du pays de provenance pour les obliger de rentrer de force ; les réfugiés rentreront d’eux-mêmes, dès que les causes de leur exil auront disparu et ils le sauront.
5. Au regard des crimes contre l’humanité commis à grande échelle par le régime en place à Bujumbura, tel que confirmé par le rapport du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, nous vous demandons d’intercéder en faveur des réfugiés burundais auprès des pays d’accueil. Leurs cas devraient être traités avec célérité pour leur accorder les droits de réfugiés et/ou de demandeurs d’asile, afin de leur permettre de vivre dans des conditions moins dégradantes et plus dignes.
6. Enfin, le CNARED-GIRITEKa demande à votre Organisation d’apporter tout son appui à la Cour Pénale Internationale(CPI), afin qu’elle passe rapidement à la phase des enquêtes sur les crimes contre l’humanité, commis au Burundi depuis avril 2015, pour mettre fin à l’impunité des crimes et réhabiliter ainsi les victimes, y compris les réfugiés.
Pour le CNARED-GIRITEKA
Pr. Charles NDITIJE
Président.
CPI à :
– Haut Commissaire aux Réfugiés, à Genève