COMMUNIQUE DU CNARED-GIRITEKA EN RAPPORT AVEC LA RETRAITE DES PARTIS POLITIQUES TENUE A KAYANZA DU 22 AU 23 JUIN 2017

  1. En dates des 22 et 23 juin 2017, le Gouvernement illégal et illégitime de Bujumbura a organisé une retraite des partis politiques à KAYANZA, sous les auspices de M. Monsieur Édouard NDUWIMANA, l’actuel Ombudsman burundais, le très tristement célèbre ancien Ministre de l’intérieur, qui s’est illustré dans le démantèlement des partis politiques, la destruction du tissu associatif et   la réduction des espaces et des libertés publics au Burundi. Quel crédit, quelle confiance peut-on accorder à  ce serviteur zélé du pouvoir destructeur de Bujumbura ?
  2. Le but annoncé officiellement à l’opinion nationale  et internationale est l’évaluation de la mascarade  électorale de 2015 qui est  à l’origine de la grave crise politique, sécuritaire, économique et humanitaire que traverse le Burundi, ainsi que  la mise en place d’une feuille de route pour les élections de 2020.
  3. Ici aussi une question de fond se pose. Comment peut-on partir de la parodie électorale de 2015 qui constitue sans doute le scrutin le plus controversé et le plus contestable de l’histoire démocratique du Burundi pour se projeter vers l’horizon 2020 ?
  4. En effet et c’est important de le rappeler, ces “élections” ont été organisées contre les recommandations et décisions des Nations Unies, de l’Union Africaine, de la Communauté de l’Afrique de l’Est, de la CIRGL et d’autres partenaires du Burundi. Bien plus, cette mascarade électorale s’est déroulée  à “huis clos”, sans médias, ni observateurs indépendants, dignes de ce nom.  Les rares observateurs comme ceux  de la Mission  des Nations Unies pour l’Observation des Elections au Burundi (MENUB), de la Communauté de l’Afrique de  l’Est, y compris des Députés de l’EALA,   qui ont pu réellement observer ces opérations, ont reconnu que le scrutin n’était pas crédible. La MENUB a affirmé sans équivoque que les élections du 29 juin 2015 n’ont été ni libres, ni inclusives et qu’elles se sont déroulées dans un contexte d’insécurité, d’intimidations, sans couverture médiatique ni observateurs indépendants et qu’en conséquence, elles ne sont pas crédibles.
  5. Il n’est pas superflu d’ajouter qu’à la veille des élections de 2010, de nombreuses réunions  et rencontres ont été organisées à divers niveaux,  soit disant pour créer des conditions favorables à la tenue des élections libres, transparentes, inclusives et partant crédibles. En réalité, le CNDD-FDD  qui avait déjà mis en place son plan de fraude électorale voulait distraire les partis politiques de l’opposition et la communauté internationale. C’est dommage que les leaders de l’opposition véritable qui ont participé à cette rencontre soient tombés à nouveau dans le piège.
  6. Pour le CNARED-GIRITEKA, ces rencontres visent d’abord et surtout la légitimation du pouvoir en place et occulter ainsi le 3ème mandat de M. Nkurunziza, qu’il a brigué en violation flagrante de l’Accord d’Arusha et de la Constitution et qui est à l’origine de la grave crise multidimensionnelle   que connaît le Burundi.
  7. Ces rencontres ont aussi pour finalité d’avaliser et compléter le travail de la  très contestable  Commission  Nationale pour le Dialogue Intérieure CNDI, dont l’objectif est l’abolition de l’Accord d’Arusha et l’amendement de la constitution en vue de consacrer M. NKURUNZIZA en monarque absolu et à vie, à travers la suppression de la limitation des mandats présidentiels pourtant consacré comme garant de l’alternance et de la  stabilité politique au Burundi.
  8. L’autre mobile inavoué est la tentative maintes fois affichée de ce pouvoir de facto de Bujumbura à torpiller le véritable dialogue inclusif et sans condition piloté par la Sous- région sous la Médiation du Président Yoweli Kaguta Museveni et la Facilitation de l’Ancien Président tanzanien Benjamin William M
  9. Ce type de rencontres a aussi pour but de tromper l’opinion nationale et internationale en faisant croire à la création des conditions favorables à  la tenue d’un  dialogue entre les différentes forces politiques du Burundi et à la possibilité de tenir des élections crédibles à l’horizon 2020.
  10. Ces gesticulations du pouvoir visent également à diviser davantage les partis politiques de l’opposition dont beaucoup de leaders légitimes vivent en exil  en invitant certains de leurs dirigeants encore au pays à participer  à ces rencontres ; ce qui cache mal les intentions du pouvoir de créer de nouvelles ailes dissidentes à la solde du parti CNDD FDD.

Face à toutes ces manœuvres du pouvoir criminel de Bujumbura,

  1. Le CNARED-GIRITEKA condamne sans réserve cette escroquerie politique du pouvoir illégal et illégitime, qui constitue ni plus ni moins une manœuvre de plus  tendant à faire croire que la situation politico-sécuritaire tend à se normaliser, alors que les rapports les plus fiables montrent que le pire peut se produire à tout instant.
  2. Il rappelle que toute tentative de dialogue imposée par le CNDD-FDD et qui ne s’inscrit pas dans la logique des négociations inclusives entre l’opposition politique et le gouvernement de facto de Bujumbura  ne peut en aucun cas apporter une quelconque solution à la crise actuelle.
  3. Le CNARED-GIRITEKA invite les leaders de l’opposition à rester lucides  pour ne plus tomber dans ce piège, à ne pas céder à la résignation ou aux sollicitations éphémères du pouvoir. Les propos tenus par certains d’entre eux lors de cette rencontre nous rassure quant à leur comportement futur.
  4. Le CNARED-GIRITEKA demande au Président Yoweli Kaguta Museveni, Président de l’Ouganda, Président de la Communauté Est-Africaine, Garant au premier rang de l’Accord d’Arusha et Médiateur dans le conflit burundais, de prendre ses responsabilités et de tenir compte du récent  rapport du Facilitateur, le Président W. Mkapa pour  exiger de M. Nkurunziza qu’il réponde sans délai ni conditions aux pourparlers de paix pour le Burundi.
  5. Si M. NKurunziza persistait dans son refus et dans la commission des nombreuses et graves violations des droits de l’homme, qu’un sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de l’EAC soit rapidement convoqué pour prendre les mesures qui s’imposent, dont un embargo économique.
  6. Le CNARED-GIRITEKA demande à nouveau aux Nations Unies, à l’Union Africaine, à l’EAC, à l’Union Européenne et aux autres partenaires du Burundi de rester vigilants  et attentifs à l’évolution de la situation politico-sécuritaire  qui peut dégénérer à tout moment dans des violences de masse.
  7. Enfin, le CNARED-GIRITEKA exhorte tous les Burundais épris de paix à rester unis et solidaires, à ne pas céder aux sirènes  des divisions ethniques ou politiques ni  au découragement, ni à la résignation ni à la peur sciemment entretenue par le pouvoir aux abois de Bujumbura. La victoire est à ce prix. Toute dictature a une fin.

 

Fait à Bruxelles, le 25 juin 2017

Le Président du CNARED-GIRITEKA

Hon. Pr. Charles NDITIJE