Mot liminaire
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Mes remerciements pour avoir répondu nombreux à cette conférence de presse.
L’objectif de la conférence est de lancer un cri d’alarme, une alerte, un appel à la solidarité des peuples, des Etats et des organisations démocratiques avec le peuple Burundais.
- Depuis l’accession au pouvoir en 2005 de Pierre Nkurunziza et de son parti fasciste, le Burundi connaît une crise politique grave sans précédent dans son histoire. Cette crise a dangereusement empiré quand Nkurunziza, encouragé par son oligarchie, a décidé en violation de la constitution et de l’Accord d’Arusha de briguer un troisième mandat tant illégal qu’illégitime, au mois d’avril 2015. Cette volonté du Président sortant de briguer un troisième mandat en violation de l’Accord d’Arusha et de la constitution n’avait d’autres buts que de se protéger lui-même et sa clique d’oligarques et continuer à piller les richesses du pays et maintenir le peuple dans la misère. Il convient de rappeler brièvement la gravité de la crise pour alerter une fois de plus l’opinion nationale et internationale. La situation est caractérisée depuis 2005 par:
- Un régime oligarchique et prédateur incarné par le pouvoir corrompu, mystico-religieux et obscurantiste du président Nkurunziza et son parti le CNDD-FDD ; la corruption, le bradage des richesses, notamment minières, du Burundi, en échange des pots de vin pour ses poches et celles de ses amis ; la privatisation sauvage des entreprises de l’Etat et les détournements des deniers publics avec des conséquences désastreuses sur la vie des populations : 60% de la population souffre de faim, le Burundi fait partie des cinq pays les plus pauvres du monde;
- Une situation d’extrême pauvreté avec un IDH de 0,389 plaçant le Burundi au 180e rang mondial sur 187 pays ; la fermeture des entreprises, l’absence presque totale d’industries, le chômage frappant durement plus de 60% de jeunes, de criantes inégalités, la misère et des violences d’État, sans oublier l’isolement diplomatique;
- Une série continue de manifestations en 2015 contre cette candidature, manifestations réprimées dans le sang, notamment par des tirs à balles réelles et des tortures inqualifiables;
- Des violations massives des droits humains par un régime s’appuyant sur une milice armée pour écraser toute contestation politique et étouffer toute volonté de changement ;s’en sont suivis des centaines d’assassinats et d’exécutions extrajudiciaires et des milliers d’arrestations.
- Une tentative manquée de faire échec par la force à cette candidature, suivie de représailles inhumaines, marquées notamment par la torture des conjurés et des assassinats où même des blessés ont été achevés sur leur lit d’hôpital, ainsi que par la destruction de toutes les radios privées;
- Un règne de la terreur des milices armées Imbonerakure, terreur qui a déjà poussé plus de 300 000 (trois cents mille) Burundais à fuir le pays pour se réfugier dans les pays voisins;
- L’exil forcé de leaders de l’opposition, de la société civile, des journalistes indépendants et de tous ceux (y compris du parti au pouvoir et non des moindres) qui ne cautionnent cet état de choses et qui craignent pour leur sécurité;
- Convaincus qu’aucun peuple ne devrait se sentir libre s’il existe encore dans le monde d’autres peuples opprimés et que la solidarité de tous les peuples libres du monde entier reste un devoir sacré de tous les démocrates et progressistes;
- Lançons un vibrant cri d’alarme et aux peuples libres, aux Etats et aux organisations démocratiques et au sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine fin janvier 2016, pour qu’ils manifestent activement leur solidarité envers le peuple burundais dans sa lutte courageuse contre la tyrannie du régime Nkurunziza et les invitons à:
- Faire preuve d’empathie et à dénoncer ouvertement le régime de facto de Bujumbura et soutenir les centaines de milliers de réfugiés croupissant dans la misère et la maladie dans des camps pour avoir fui la terreur des milices qui écument tout le pays;
- Considérer ce mot de Victor Hugo qui disait: “il vient une heure où protester ne suffit plus; après la philosophie, il faut l’action; la vive force achève ce que l’idée a ébauché”. En prenant des mesures concrètes pour soutenir le peuple burundais dans ses efforts de libération et de démocratisation. Notamment des pressions fortes contre les dirigeants impliqués dans les violations graves des droits de l’homme et responsables de l’impasse politique; un appui concret aux forces légalistes qui contestent le troisième mandat; la reconnaissance du CNARED-GIRITEKA comme interlocuteur majeur et représentant du peuple burundais. Exercer de fortes pressions diplomatiques, économiques et financières, comprenant notamment: un embargo sélectif sur les armes, les munitions et le pétrole; et le gel des avoirs extérieurs des ténors du régime; le retrait des contingents de militaires burundais en mission de maintien de la paix et faire en sorte que le gouvernement burundais n’ait aucune retombée financière de ces missions; mettre
les frais de location des armes burundaises engagées dans ces missions sur un compte en attendant le retour de la paix; apporter une assistance forte au projet MAPROBU de l’Union africaine; publication d’une liste de personnes, civils et officiers, non grata dans les missions extérieures pour raison de violations graves des droits de la personne humaine; recommander au Parquet de la CPI d’enquêter sur les crimes commis par le régime Nkurunziza et de lancer des mandats d’arrêt.
- Explorer, avec l’opposition burundaise, les voies et moyens efficaces de sortie de crise, notamment un dialogue inclusif qui déboucherait sur un gouvernement inclusif de transition à l’exception du président sortant; lequel gouvernement aurait la mission de créer les conditions politiques, juridiques, sécuritaires nécessaires à des élections crédibles dans un délai raisonnable
non inférieur à 24 mois.
- Se convaincre que plus de 300 000 Burundais n’ont pas abandonné leurs biens et leurs propriétés sans raison, et qu’il est impérieux que le cancer appelé Imbonerakure soit extirpé du corps de la nation burundaise pour que le pays ait une vie politique, une gouvernance démocratique, une vie socioéconomique et sécuritaire normale.
Je vous remercie pour votre aimable attention et je suis à votre disposition pour d’éventuels éclaircissements.
Fait à Bruxelles le 28 janvier 2016
Léonard Nyangoma,
Président du CNARED-GIRITEKA