Non content d’avoir opéré un putsch constitutionnel en briguant un 3ème mandat contraire à l’Accord d’Arusha et à la Constitution, non satisfait d’avoir fait plus de 2000 morts, plus de 8000 prisonniers politiques et envoyé en exil plus de 500.000 réfugiés, M. NKURUNZIZA et son système criminel sont en train de démolir systématiquement tous le secteurs de la vie nationale, comme en témoignent plusieurs événements récents.
I. Sur le plan sécuritaire
1. Outre que les assassinats ciblés, les exécutions extrajudiciaires, les tortures et les enlèvements se poursuivent chaque jour, M. Nkurunziza invite aujourd’hui sa milice imbonerakure à commettre des viols massifs sur les femmes de l’opposition pour qu’elles engendrent des imbonerakure. Loin d’être un dérapage de quelques indisciplinés, ce comportement traduit bel et bien les enseignements et visées génocidaires et obéissent aux ordres émanant de M. Nkurunziza lui-même.
2. M. Révérien NDIKURIYO, président du Sénat illégal, vient de récidiver en appelant la population à traquer, rassembler les opposants en vue de les massacrer le moment venu. Il use d’une rhétorique génocidaire à peine voilé : après “KORA” donc “travaillez”, il en vient à “EGERANYA” qui, en Kirundi ne s’applique qu’aux cadavres : « prendre soin d’un cadavre ».
3. Des élèves du secondaire se pavanent en tenue policière, arme à la main, comme en témoigne la photo d’AHISHAKIYE Frank James fils d’un des chefs d’IMBONERAKURE au moment où NKURUNZIZA et sa clique ne cessent de tromper l’opinion qu’ils désarment les civils alors qu’ils utilisent cet alibi pour arrêter, torturer les opposants.
4. Le CNARED condamne fermement l’utilisation du viol par NKURUNZIZA comme arme de guerre, la traque et l’assassinat des opposants et cette radicalisation de la jeunesse qui risquent de déboucher à un autre génocide de trop dans la Région des Grands Lacs.
II. Sur le plan politique
5. Dans sa volonté d’ethniciser la crise burundaise et de régner à vie sur le Burundi, M. NKurunziza fait ériger de monuments à la gloire du CNDD-FDD et dédiés aux seules victimes Hutu des événements de 1972, une façon de galvaniser les hutu derrière lui, de les inciter à la haine et à la vengeance contre les Tutsi.
6. Comme le dit si bien Louis-Marie NINDORERA, M. NKurunziza est en train de « cultiver une mémoire des événements de 1972, rancunière et vengeresse, bipolaire et manichéenne à dessein. (….). Cette culture ne protège pas la vie du Burundi. Elle prolonge la mort. »
7. L’agrément des associations sur base d’appartenance ethnique ou clanique obéit à cette même logique de démantèlement de la Nation burundaise et de son unité.
8. L’exercice politique de l’opposition se réduit chaque jour davantage d’où le harcèlement des opposants et la suspension des partis politiques agréés à l’instar du MSD, qui cache mal l’instauration d’un monopartisme de fait et de la pensée unique.
III . Dans le secteur éducatif
9. M. NKURUNZIZA applique la politique de la promotion de la médiocrité. Il suffit de voir comment il étoffe son cabinet, l’administration, les forces de défense et de sécurité pour comprendre son mépris envers une éducation de qualité. Tout le secteur éducatif est délabré, les écoliers sont initiés au maniement des armes à feu.
10. La récente mesure d’introduire un système de prêt-bourse, dans un contexte de pauvreté généralisée et en dehors de tout dialogue et concertation avec les concernés traduit cette volonté de M. Nkurunziza de maintenir le peuple burundais dans l’ignorance totale. Les délégués des étudiants sont tués, enlevés et emprisonnés uniquement pour avoir parlé au nom de leurs camarades.
11. Le CNARED-GIRITEKA s’insurge contre ces méthodes révolues et salue la détermination et la cohésion des étudiants qui ont refusé de céder aux sollicitations et divisions politiciennes du pouvoir et leur demande de rester unis et solidaires.
III. Dans le secteur économique et social
12. Par ses massives violations des droits de l’homme et à cause de son entêtement et son refus de mettre en exécution les différentes résolutions prises par diverses instances, pour y mettre fin, M. Nkurunziza a isolé le Burundi, le plongeant ainsi dans une paupérisation quasi généralisée aggravée par une corruption endémique.
13. Pire encore, il profite du chaos qu’il a installé pour piller le pays et se livre au trafic illicite des minerais, de la drogue et des stupéfiants. Il rançonne la population par des hausses illicites de prix des produits de première nécessité et des cotisations obligatoires versées au parti au pouvoir.
14. Dans sa folie des grandeurs et dans son inhumanité, le pouvoir vient de démolir dans une arrogance et une brutalité inédites, de nombreuses villas des gens (plus d’une vingtaine) à Gasenyi, et ce sans indemnisation ni dédommagements aucuns, mettant ainsi des familles entières avec des enfants dans la rue. Pour le CNARED, c’est inhumain, c’est immoral et inacceptable.
IV. Du dossier des négociations
15. Le processus des négociations interburundaises que le CNARED continue à croire comme étant la solution idéale pour trouver une véritable et durable solution à la crise burundaise, mais qui n’a jamais réellement démarré, est aujourd’hui au point mort et rien ne semble présager de son redémarrage rapide, loin s’en faut.
16. Il est en effet bloqué par M.NKURUNZIZA et sa clique qui ne veulent pas négocier avec l’opposition qu’ils qualifient de putschiste. S’il y a un putschiste et un criminel qu’il faut juger, c’est bel et bien M. Nkurunziza qui a opéré un putsch constitutionnel et qui s’est rendu coupable de crimes abominables, dont certains relèvent du droit international. Il ne peut en aucun cas se targuer du droit d’accorder une amnistie à qui que soit. Il doit répondre de ses crimes devant la Cour Pénale Internationale.
Face à cette évolution qui présage des pires évolutions à court terme, si rien n’est fait en urgence, le CNARED-GIRITEKA demande ce qui suit :
a. Au prochain sommet des Chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est de mesurer la gravité de la situation politico-sécuritaire, économique et social qui se dégrade chaque jour davantage et d’exiger en conséquence de M. Nkurunziza d’arrêter ces violences et d’accepter de s’asseoir sans condition à la table des négociations inclusives.
Si tel n’était pas le cas, de lui imposer des sanctions immédiates, dont un embargo économique et sur les armes.
b. Le CNARED demande à l’Union Africaine, aux Nations Unies et aux autre partenaires d’activer les instruments juridiques à leur disposition pour venir protéger la population burundaise qui risque le pire. Il y va de leur devoir et responsabilité de les protéger. Que demain, ils ne disent pas qu’ils n’étaient pas avertis.
c. A toutes les forces vives de la Nation opposées à la dictature de M. Nkurunziza, le CNARED leur demande d’unir nos forces, de nous soutenir les uns et les autres, de compter d’abord sur notre détermination pour une résistance citoyenne à la dérive totalitaire du pouvoir de Bujumbura. La paix et la sécurité sont à ce prix.
Fait à Bruxelles, le 19 avril 2017
Pour le CNARED-GIRITEKA
Le président
Hon. Pr. Charles NDITIJE