1. En ce 26 avril 2017, nous célébrons un bien triste anniversaire : celui des milliers de Burundais qui sont morts parce qu’ils ont osé manifester pacifiquement, les mains nues et en l’air, contre le 3ème mandat de M. Pierre Nkurunziza, brigué en violation de l’Accord d’Arusha et de la Constitution. Ce jour a marqué le basculement du Burundi dans une crise politique sanglante caractérisée par de graves violations des droits humains, commises par les forces de sécurité et la milice imbonerakure, sur ordre et sous la bénédiction du pouvoir de facto de Bujumbura.
2. Deux ans après, le bilan de la répression donne froid au dos : plus de 2000 morts, plus de 8000 prisonniers politiques, des milliers de personnes portées disparues, des milliers d’autres torturées, plusieurs milliers de femmes victimes de violences sexuelles, plus de 500.000 exilés, etc.
3. Le CNARED-GIRITEKA condamne sans réserve la criminalisation et l’ethnicisation de ces manifestations pacifiques et pluriethniques par le pouvoir criminel de Bujumbura.
4. Le CNARED-GIRITEKA rend un hommage mérité à toutes ces victimes innocentes et spécialement à la jeunesse dans sa diversité politico-ethnique qui a payé et qui paie toujours un lourd tribut pour avoir pris les devants pour protester contre ce putsch constitutionnelle. Il salue aussi le courage et la détermination des femmes burundaises qui ont été les premières à conduire la contestation jusqu’au centre ville de Bujumbura. Nous exprimons notre profonde dette de reconnaissance à tous nos compatriotes, partout où ils sont, qui se sont donnés corps et âme pour que les actions de contestation exprimées à travers le monde entier réussissent et alertent l’opinion internationale sur la descente aux enfers de notre pays.
5. Le CNARED-GIRITEKA s’insurge contre l’instrumentalisation politique que M. Nkurunziza fait des tragédies sanglantes que le Burundi a connues, tout particulièrement celle de 1972, pour déformer la mémoire collective.
6. En voulant ériger un monument en la mémoire des seules victimes de l’ethnie hutu, le régime Nkurunziza viole à nouveau l’Accord d’Arusha, qui dans son Protocole 1er a prévu des mécanismes consensuels pour connaître la vérité de ces drames, les qualifier, établir les responsabilités, juger et punir les coupables.
7. L’Accord d’Arusha a également prévu l’érection d’un monument national à la mémoire de toutes les victimes de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ainsi que l’instauration d’une Journée nationale de commémoration pour toutes ces victimes.
8. Le CNARED-GIRITEKA estime que cette mémoire des victimes des drames du passé que veut entretenir M. Nkurunziza, loin de traduire une volonté de compassion et de rétablissement des victimes dans leur dignité, cache plutôt son intention de s’exonérer des crimes abominables qu’il est en train de commettre aujourd’hui. Ces crimes du passé ne compensent ni n’effacent les crimes actuels ou ceux de demain.
9. Le CNARED-GIRITEKA profite de la Commémoration de cette journée douloureuse du 26 avril pour demander aux Chefs d’Etat de la sous-région qui vont se réunir prochainement de se pencher spécifiquement sur la question burundaise et de trouver des solutions contraignantes face à l’entêtement du pouvoir de Bujumbura qui refuse toute voie négociée. Plus explicitement, s’il devait persister dans son obstination,
qu’un embargo économique et sur les armes soit décrété, ainsi que des restrictions drastiques sur les déplacements de tous ceux qui s’opposeraient aux négociations inclusives, seules gages de la restauration de la paix et de la sécurité au Burundi.
10. Le CNARED – GIRITEKA réafirme sa disponibilité et son engagement à contribuer activement à la recherche d’une solution politique négociée pour retrouver la paix, la sécurité pour tous et le rétablissement de l’Etat de droit et la démocratie au Burundi.
11. Le CNARED – GIRITEKA demande à toutes les forces vives de la Nation de rester unies et sereines, à travers une interethnique et citoyenne résistance, face à la dérive dictatoriale du régime de M. Pierre Nkurunziza.
12. Le CNARED-GIRITEKA exprime encore une fois sa compassion à toutes les victimes de la barbarie meurtrière du pouvoir de Bujumbura et réaffirme sa détermination pour que le Burundi recouvre la paix et la stabilité.
Fait à Bruxelles, le 26 avril 2017.
Pour le CNARED-GIRITEKA
Le président
Charles NDITIJE