Le CNARED, suit avec beaucoup d’inquiétudes la barabarie et les crimes de masse politico-ethniques perpétrés par le gouvernement de facto de Nkurunziza et déclare ce qui suit:
A.LES FAITS
- Depuis que Nkurunziza s’est octroyé de force un troisième mandat illégal, les citoyens qui n’ont pas soutenu sa dérive dictatoriale ne vivent qu’un cauchemar. Pierre Nkurunziza et sa clique leur ont promis officiellement la mort, et la police, se comportant comme un escadron de la mort, sévit sans état d’âme dans les quartiers contestataires. Dans un discours à la nation, Nkurunziza a donné l’ordre d’utiliser toutes les armes dont l’armée et la police disposent, pour mater la contestation dans les quartiers non favorables à son mandat illégal et illégitime.
- Les populations de ces quartiers sont traquées en permanence. Les hautes autorités de l’Etat se relayent pour délivrer des messages appelant à la répression impitoyable des habitants desdits quartiers, jusqu’à promettre aux tueurs les parcelles qui seront laissées par les familles tuées lors des massacres.
- Le Président du Sénat de facto est plus explicite, il dit “quand on vous dit de travailler, il faut travailler ; vous aurez des récompenses y compris même des parcelles “. Et ces parcelles qu’il compte distribuer ne sont que les propriétés privées de ceux qu’ils auront massacrés.
- Pierre Nkurunziza a embrayé lui-même cette machine à broyer sa propre population et a donné un ultimatum de 5 jours pour que les gens aient quitté les quartiers, pour errer sur les routes, sans destination, avec la faim et la peur au ventre.
- Cynique, le Ministre de la justice quant à lui a promis de les loger gratuitement dans des tentes, sachant qu’ils auront laissé tous leurs biens à la merci des bandits des grands chemins.
- Le Ministre de la Sécurité publique menace même de faire descendre à la capitale toutes les populations des zones rurales, pour venir attaquer celles des quartiers contestataires, au cas où l’armée et la police ne parviendraient pas à les anéantir.
- Des populations prises de panique errent dans les rues de la capitale sans savoir où aller. C’est dans ces conditions de détresse que des jeunes gens sont arrêtés et tués, dont Welly Nzitonda, fils du grand défenseur des Droits de l’homme au Burundi, Pierre Claver Mbonimpa.
- Le samedi 7 novembre 2015 soir, la veille de la fin de l’ultimatum, des policiers ont fait irruption dans un bistrot à Kanyosha et fusillé tous les gens présents. Bilan : 9 morts, 7 sur- le- champ et 2 à l’hôpital.
- Les organisations de défense des droits humains, actives dans la Région des Grands Lacs, prédisent qu’à la fin du mois de novembre, le nombre de réfugiés s’élèvera à 320.000 personnes.
Vu cette situation très critique et très alarmante pour les populations burundaises, le CNARED annonce à la Communauté tant nationale qu’internationale ce qui suit :
B. POSITION DU CNARED
- Le CNARED condamne fermement les crimes de masse politico-ethnique en cours menés par le pouvoir illégal et illégitime de Nkurunziza et exprime encore une fois sa compassion et sa sympathie pour toutes les victimes du 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. Burundais ou étrangers, ce sont toutes des vies humaines arrachées à l’affection de leurs proches par une mort violente inacceptable.
- Le CNARED condamne pour la énième fois les arrestations et enlèvements arbitraires des personnes supposées être opposées au 3ème mandat illégal de Nkurunziza sur l’ensemble du territoire du pays.
- Le CNARED s’insurge contre les massacres des membres des familles des défenseurs des droits humains et des hommes politiques en exil.
- Le CNARED lance un appel vibrant aux pays amis du Burundi, à l’East African Community, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, aux Nations-Unies et à toutes organisations internationales qui s’intéressent au Burundi, pour qu’ils mettent tous les efforts ensemble et agissent au plus tôt pour arrêter ces massacres systématiques des opposants à Nkurunziza.
- En attendant la décision du Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui s’est réuni le soir du lundi 9 novembre 2015, le CNARED remercie les partenaires du Burundi bilatéraux et multilatéraux pour les sanctions déjà prises contre le régime de Pierre Nkurunziza et espère d’autres sanctions plus fermes, de nature à le contraindre à s’asseoir autour d’une table de négociation avec le CNARED, afin de trouver une issue pacifique à la grave crise actuelle.
- Le CNARED demande au Conseil de Sécurité de l’ONU de mettre en place sans délais un mécanisme pour assurer la sécurité de la population au Burundi et la supervision du désarmement des milices Imbonerakure.
- En dehors de cela, le peuple burundais se donne le devoir de continuer, dans l’union de toutes ses composantes, son combat légitime pour la démocratie et la bonne gouvernance, le respect de la légalité et des accords convenus.
- LE CNARED demande avec insistance d’être consulté et associé à toute mesure régionale, continentale ou internationale vivant à résoudre durablement la crise du Burundi. Il réitère son appel à des négociations avec le pouvoir de facto en vue d’une sortie de crise rapide. Ces négociations doivent être inclusives et être conduites par une médiation internationale en dehors du Burundi pour des raisons de sécurité.
- Le CNARED recommande d’ores et déjà d’analyser minutieusement les contours de la crise et de se garder de mesures précipitées susceptibles de provoquer des amalgames socio-historiques et un engrenage régional aux conséquences imprévisibles.
Fait à Bujumbura le 09/11/2015
Pour le CNARED
Léonard NYANGOMA
Président.