Le non-envoi de la MAPROBU: Les grands impacts

Par Anicet Niyonkuru

Mise en ligne le 3.2.2016

Les grands impacts du non accord de l’envoi des troupes de la Maprobu pour protéger les populations vulnérables du Burundi.

Je dirais d’emblée que je m’y attendais. Beaucoup de leaders africains sont dans le même cas que Pierre Nkurunziza. Certains sont au pouvoir depuis 50 ans, d’autres 30 ans, d’autres plus de 20 ans et ne sont pas prêts à lâcher leur pouvoir malgré leur vieillesse plus politique que physique pour les uns ou aussi physique que politique pour les autres. Ils ont peur qu’en acceptant l’intervention des troupes de l’Union Africaine au Burundi, cela risque de se produire chez eux. Les hésitations, voire les prises de positions négatives en rapport avec l’envoi de la Maprobu au Burundi n’a rien à voir avec une solidarité quelconque avec Pierre Nkurunziza qui est en train d’exterminer systématiquement son peuple, mais une question de protection d’un envoi éventuel des contingents pareils dans leurs propres pays.

Ceci pour dire que tout homme politique averti devrait s’attendre à des conclusions pareilles.

Pourtant, les impacts liés à ce NON africain d’intervention face à une maison d’un voisin qui brûle sont nombreux. Je vais en énumérer cinq :

  1. L’impact psychosociologique : les populations proches de l’opposition et qui sont souvent malmenées par le pouvoir qui devrait les protéger s’attendaient à un Bon Samaritain, un sauveur qui ferait en sorte qu’elles se sentent sécurisées, qu’elles ne se sentent pas étrangères dans leurs propres pays ; qu’elles ne soient plus à la merci des miliciens du pouvoir et qu’elles ne soient plus candidats à la mort à n’importe quel moment, etc. Au NON africain de leurs protection, ces populations se sont senties orphelines davantage. Selon les informations en provenances des zones urbaines et rurales proches de l’opposition, la psychose de la peur bas son plein. Beaucoup ont commencé déjà à prendre le chemin de l’exil. Les pays voisins doivent s’attendre à d’autres centaines de milliers de réfugiés à très court terme. Je pense que les premières arrivées sont déjà là, surtout en Tanzanie en provenance de Mabanda et Makamba. Ceux de Bujumbura restent coincés et beaucoup ne peuvent quitter leurs quartiers par peur d’être arrêtés et conduits quelque part dans les fosses communes !
  1. L’impact sociopolitique dans les milieux proches du pouvoir : chez les pro-Nkurunziza, on enregistre des comportements d’arrogance et de cynisme envers tout opposant : « La Maprobu est morte, vous n’aurez plus votre protection attendue, taisez-vous. Choisissez entre le silence, la mort ou l’exil ». Ce genre de comportement provoque beaucoup plus de frustration et d’instabilité sociales dans le pays ;
  1. L’impact sécuritaire : les populations qui se voient abandonnées à elles-mêmes, sans aucun appui international, organisent davantage leur auto-défense. Les groupes rebelles trouvent leur raison d’être et les populations malmenées ne feront que soutenir. Le pouvoir s’arme davantage, se prépare à une guerre civile et continue à massacrer massivement, à tord ou à raison, les jeunes supposés soutenir ou appartenir aux mouvements armés. Les positions se radicalisent et la guerre civile devient plus qu’imminente ;
  1. L’impact diplomatique : Le monde occidental qui s’est montré depuis longtemps compatissant avec le peuple burundais est déçu des conclusions aboutissant au refus d’envoi d’une force de protection des populations vulnérables du Burundi. Le pouvoir de Bujumbura qui se voit plus fort, car pouvant massacrer sa propre population à sa guise, manifestera beaucoup plus d’arrogance diplomatique, en attaquant frontalement la Belgique, la France, les Etats Unis… en témoigne la fameuse déclaration de ce 2 février 2016 émanent du Parti CNDD-FDD et lue par sieur Gélase Ndabirabe. Le langage sadico-cynique envers tout l’Occident prend une autre ampleur. L’arrogant porte-parole du CNDD-FDD cite avec dédain et ton insultant, des noms de grandes personnalités à renommée et responsabilité internationales comme Samantha Power et Louis Michel, sans vergogne. Le pouvoir de Bujumbura montre très bien, à travers ces paroles, que, au nom de la souveraineté, les nations doivent se taire quand un pouvoir criminel massacre sa propre population !
  1. L’effet boule de neige : L’échec des Chefs d’Etat africain à imposer une force de protection des populations vulnérables au Burundi sera une bonne référence à tout dictateur africain qui sera désormais convaincu qu’il pourra massacrer massivement ses opposants à sa guise sans aucune intervention internationale. En Afrique, attendez-vous à des dégâts humains plus importants. Le feu-vert a été donné !