Tous nous sommes menacés de mort : ou l’urgence d’une mobilisation nationale contre la nkurunziose

Par Sébastien Ntahongendera

Sébastien Ntahongendera
Sébastien Ntahongendera

Deuxième partie

« Quand les intellectuels veulent un changement, ils l’obtiennent », disait Huntungton. Durs ; durs les temps qui courent ! Même la jeunesse  estudiantine capitule, s’amollit ! Sous d’autres cieux et à d’autres époques burundaises, on ne piétine(ait) pas les droits de l’étudiant impunément ! Camarades étudiants, vous au moins, faites tomber la couverture de vos visages ; réveillez-vous ; ne vous laissez pas conduire à l’aveuglette ! Un rappel de quelques faits et épisodes m’aideraient, peut-être, à vous aider à prendre conscience de la nkurunziose, à entreprendre de vous en guérir et, ainsi, à libérer votre avenir déjà hypothéqué :

Au fort de la crise engendrée par le mandat du sang, Nkurunziza a fermé les campus universitaires. Pour toute réaction, quelques centaines d’étudiants sur les dizaines de milliers qui fréquentaient les universités sont partis faire un sit-in. Et vous vous rappelez où ? Eh bien, devant l’ambassade des USA, donc, non pas en tant que manifestants, mais en demandeurs d’asile. Passe encore ! D’autres, moins par peur que par solidarité et complaisance avec un régime infanticidaire, vous avez disparu de la circulation ! Sous d’autres cieux, cette fermeture des campus aurait été même une occasion tout trouvée de galvaniser l’insurrection. Je vous le dis : si vous aviez pu saisir la balle au bon, cette mafia d’Etat qui mange tout ce qui était destiné à vous éduquer, c’est sûr qu’elle serait déjà descendue de votre dos ; c’est certain que la nkurunziose serait,  aujourd’hui, de la vielle histoire ! Mais non ; vous avez cru que Nkurunziza c’était votre « papa » ; qu’on ne s’insurge pas contre quelqu’un de votre ethnie, y compris quand il détruit votre avenir ! C’était une erreur ; voilà où vous en êtes, camarades étudiants.

Quand Nkurunziza a décidé de supprimer le plus essentiel (selon tout diététicien) de vos trois repas journaliers à savoir le petit déjeuner, pour toute réaction, nous avons eu droit à une annonce des médias : «  Imyidogo ni myinshi mu banyeshure bo muri kaminuza za Leta  » (ça grogne fort dans les universités publiques).

Et ce qui devait arriver arriva : d’aide, votre bourse devient, désormais, un simple crédit que vous êtes condamnés à rembourser vivants comme morts ! O.k. Dans d’autres pays aussi (pas dans tous les pays comme le prétend le très sulfureux porte-parole du gouvernement), ça se fait. Mais pas dans des pays où la nkurunziose a gelé le recrutement des diplômés à la fonction publique ! Soit ! Avec la fin de votre bourse aussi, vous n’avez rien entrepris, camarades étudiants ; par la bouche de votre porte-parole  Patience Mbonabuca, vous vous êtes seulement plaints : «  dusaba ko iyo ngigo yofutwa ; iyo ngingo twayakiriye nabi » (nous demandons que cette mesure soit abrogée ; nous l’avons mal accueillie)… ; « imyidogo yabaye myinshi » quoi ! Voilà tout !

Même le mouvement des étudiants sud africains qui, aujourd’hui, fait la une des réseaux sociaux,  n’a pu rien vous inspirer ! Si vous ne pouvez pas vous levez pour les droits de vos pauvres parents des villages et quartiers en assiégés par la nkurunziose, levez-vous au moins pour vos propres intérêts vitaux, existentiels !  « Imyidogo » ça ne nourrit pas l’homme ! « Imyidogo » ça ne renverse pas un gouvernement !  Ça ne licencie même pas un planton ! Ou bien vous voulez que les étudiants Zoulous viennent marcher pour nous ? Ou bien vous voulez que le « Balai citoyen » burkinabé  vienne balayer chez nous ?

Que ceux qui, parmi vous, ont fait ou font tout pour se guérir de la nkurunziose trouvent ici mes sincères encouragements ; que ceux qui se ratatinent toujours sous le parapluie ethnicisant déjà fort troué des caciques de Nkurunziza entendent et considèrent mon appel : réveillez-vous ! Nkurunziza même c’est quoi ? Nkurunziza serait mon père à moi que je lui dirais : «  Papa, je t’aime bien, mais ce que tu fais n’est pas bon. Et si tu n’arrêtes pas, apprête-toi à me perdre » !

Des étudiants aux chômeurs, je fais un pas ; parlons, un peu, chômage :

Cela vient d’être annoncé : désormais, ce sont les communes qui recruteront et payeront les enseignants des écoles de leur ressort. Vous ne rêvez pas ; c’est sorti de la bouche du président du Sénat. Car et soi dit en passant,  chez nous, c’est le président du Sénat qui a l’éducation nationale dans ses attributions ! Le hic, encore une fois, aucune action contre cette mesure sociale assassine ne se profile à l’horizon : imyidogo, et voilà tout ! Aventurez-vous même à en faire une illustration de la totale déliquescence du régime Nkuru, vous ne manquerez pas d’entendre certains de ces mêmes chômeurs vous opposer les louanges à leur très cher « sagissime saint Pierre » : « Irambire mutama ; za mujeri ntaho zizoca ; uzobatwara gushika Yezu agarutse ». Entendez : « Longue vie vieux père ; les « chiens enragés » (entendez les Tutsi) ne pourront trouver par où passer ; tu gouverneras jusqu’au retour de Jésus »!

Lorsque Nkurunziza a annoncé qu’il briguait un troisième mandat, des gens sont sortis de leur maison et de leur torpeur pour manifester, au péril de leur vie. Moins par peur que par solidarité ethnico-politique,  d’autres n’ont même pas remué leur doigt. Aujourd’hui, et ceux qui ont manifesté, et ceux qui se sont recroquevillés dans leurs carapaces ethnico-politicienne, tous nous sommes logés à la même enseigne ; nous mourrons comme en compétition !  Voilà pourquoi combattre la nkurunziose ne doit être l’apanage ni de la société civile, ni du CNARED, ni d’un quelconque autre mouvement politique ou même militaire : tous  nous devons nous lever et de partout et en même temps et dans les plus brefs délais.

De toute façon, celui qui n’est pas tué par les imbonerakure mourra de la misère ou de l’un ou l’autre fléau connexe. Tous nous sommes concernés.  Même l’expatrié qui vit au Burundi ou qui a un quelconque intérêt au Burundi gagnerait à se lever contre Nkurunziza. Car, la mafia d’Etat a fini de piller tous les ménages des Burundais, il n’y a plus rien à voler chez nous. Ce que voyant, elle s’en prend, maintenant, aux étrangers. Le monde entier a appris avec ahurissement la dernière tentative de cambriolage d’un groupe de citoyens jordaniens. « 2,5 millions US $ en jeu s’il vous plait ! Et l’opération, qui avait tout d’un film hollywoodien,  était commandée par le désormais tristement célèbre sanguinaire Uwamahoro, commandant de la Brigade anti-émeute au temps des faits ! Ça se passe de commentaire, camarades expatriés vivant ou ayant des intérêts au Burundi ; personne n’est à l’abri de la nkurunziose !

C’est vrai, le militantisme « D-D » fait, aujourd’hui, office de « certificat d’aptitude professionnelle » ; la carte du parti CNDD-FDD a remplacé le diplôme ! C’est certain, le messianisme anti-tutsi ainsi que les dividendes que ses chantres font miroiter aux plus zélés (rappelez-vous des parcelles promises par le président du sénat à qui assassinerait plus de « mujeri ») font des ravages dans les esprits faibles de certains Hutu. Mais je vous attends au tournant, vous autres adulateurs de cette clique de tribalo-nihilistes : aujourd’hui, le Burundi est en passe de  devenir le Zaïre de Mobutu sur tous les plans. Déjà, dans un avenir assez proche, pour acheter un seul doit de banane, il nous faudra remplir et soulever des sacs et des sacs de billets de banque. Déjà avec l’école, le « Mobutu burundais » a dit : «  Eh, administrateur communal, article 15 » ! Si vous n’avez pas connu le Zaïre de Mobutu, entendez : « Débrouillez-vous » ! Aujourd’hui, l’école n’existe quasiment plus ; les établissements scolaires et universitaires ne sont plus que des instituts de formation des chômeurs ! Aujourd’hui, le chômage tue et mutule plus que le palu, le cholera, la dysenterie et la polio réunis ! Aujourd’hui, on mange par accident… ! Alors, je vais voir si l’ethnie ou le parti vous nourriront, vous qui cajolez ces tribalo-nihilistes au seul motif qu’ils sont de votre ethnie ou de votre parti politique !

Je réitère, pour ne pas  conclure, mon appel général : intelligentsia, surtout toi, réveille-toi ! Pasteurs, prêtres, imams, ouvrez les yeux à certains de vos ouailles qui n’ont pas encore compris qu’on ne peut pas dire servir Dieu et affamer, le sachant et le voulant, toutes les filles et tous les fils de Dieu ! Dieu ne peut piller des dizaines de mois de salaires aux soldats qui sont partis ramener la paix en Somalie ! Dieu ne peut lâcher ses gardes pour les envoyer décimer toute une famille d’un journaliste (Cf. Christophe Nkerabahizi décimé avec son épouse et ses deux enfants) ! Dieu ne peut assassiner un journaliste et receler son cadavre (cf. Jean Bigirimana, le journaliste d’Iwacu) ! Dieu ne peut ligoter les Hutu du FNL pour les noyer dans le fleuve Ruvubu !….En tout cas, si jamais il s’avérait que Dieu est du côté de Nkurunziza, bien de croyants, moi y compris, vous diraient adieu ; c’est que ce Dieu serait pire que Satan ! Qu’il mente aux crétins et non aux chrétiens ; Nkurunziza prie tout sauf Dieu !

Mère d’imbonerakure, c’est toi qui as connu la douleur de l’enfantement. Alors, constate, enfin, que Nkurunziza est en train d’enterrer très profondément l’avenir de ton fils. Ce qui est très certain, l’avenir de ton fils est incertain ! Parle à ton fils ; dis-lui de quitter l’obscurité ! Burundais de toutes les religions, de toutes les ethnies, de toutes les corporations, de tout le pays et partout où tu es à travers le monde, de tous les âges, n’attends plus demain ! Surtout, n’attends plus rien de l’autre ; lève-toi toi-même ; il faut que NKurunziza dégage pour l’amour de Dieu et le salut du monde ! (FIN)